LES ÉDITOS DE M. MBARKI
La Destruction Créatrice
16 jan. 2024
« Le vieux monde se meurt, le nouveau est lent à apparaître, et c’est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres. » Antonio Gramsci, Cahiers de prison.
Cette contribution est le fruit de l’aimable invitation de M. Abdelkader Retnani, directeur de La Croisée des Chemins, à participer à cet ouvrage fait du vécu et des réflexions des auteurs en cette période de pandémie. Respectueux du devoir de réserve que je me suis imposé depuis ma sortie du gouvernement, et des fonctions officielles que j’ai eu l’honneur d’exercer, j’ai toujours évité de donner ouvertement des avis personnels sur des points de politiques publiques. Mais, la crise étant exceptionnelle, dans un contexte national marqué par la recherche d’un nouveau « modèle de développement » j’ai cru devoir apporter une contribution utile aux débats.
Le Covid-19, un problème idéologique ? La question paraît saugrenue tant le virus se rit des frontières, des sociétés, des régimes, etc. «D’où tu parles?», la vieille apostrophe soixante-huitarde est pourtant ranimée par la toute jeune pandémie. Incongru ? Non ! Ce qui vient d’exploser sous nos yeux, ce sont les anciennes échelles de l’espace et du temps, créant le besoin immédiat de comprendre l’Histoire pour mieux penser l’avenir.
La formule que j’emprunte à Joseph Schumpeter pour titrer ce texte résume cette soif d’innovation mêlée d’inquiétude qui caractérise ce moment. Dans l’atmosphère de liberté du télétravail ou des ouvertures permises par les «webinaires», de nombreuses questions ont surgi, sans doute trop marquées par le sceau de l’action. Je me propose d’en partager ici quelques-unes, autour de quatre grands thèmes : l’État et la Région, le renouveau économique et social, le Maghreb et l’Afrique, la culture et le développement.
Hier, des États et des villes face aux épidémies comme aux pandémies
Nombre d’entre nous ont grandi dans le modèle des États-nations, confrontés aux périls redoutables nés de la nature ou venus des hommes, dont les épidémies. Face à ces agressions, on fermait les frontières pour bloquer l’ennemi comme la maladie. Ce « confinement » cruel ressemblait à une véritable amputation territoriale. Autour de la Méditerranée, les grandes épidémies furent dévastatrices. Parmi toutes, les plus redoutées étaient la peste et le choléra. La mémoire collective reste marquée par les pestes, dont les cinq années de la grande peste noire du milieu du XIVe siècle, qui tua entre le quart et la moitié des populations touchées. L’ampleur de cette zoonose, connue dès l’Antiquité, nous est rappelée par Jean de La Fontaine : «Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés.»!... La Peste, titre du roman d’Albert Camus, fait référence ainsi à deux crises épidémiques survenues à une année d’intervalle dans la première moitié du XXe siècle ; l’une à Oran, l’autre à Alger.
Le choléra, autre mal assassin, nous est rappelé par des œuvres célèbres, comme le film franco-italien Mort à Venise (1971) d’après le roman de l’auteur allemand Thomas Mann. Inconnu en Europe et au Maghreb jusqu’au début du XIXe siècle, il ravagea ensuite ces contrées à sept reprises de façon pandémique, par des vagues parties du sous-continent indien. À l’époque, on désinfectait les voyageurs aux frontières (aujourd’hui, on les «teste»!), et on mettait les villes touchées en quarantaine. On pensait ces méthodes révolues, elles reviennent. Sont-elles un outrage à la science et à la modernité, ou une confirmation de la sagesse des Anciens ?
Ebola est l’épidémie la plus meurtrière, avec le taux de létalité le plus élevé: 50% en moyenne! Les pays africains infestés furent alors confinés par l’arrêt des liaisons aériennes. Seule la RAM, sur instruction royale, poursuivit ses vols par solidarité envers les peuples africains concernés : leur unique fenêtre ouverte sur le monde, la décision courageuse d’un État fort et généreux, soucieux du temps long. Jean Jaurès disait: «Le courage est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel. »
L’aisance à fermer nos villes, entourées de murailles, facilita l’action des autorités. Les cités européennes cernées d’enceintes médiévales purent aussi freiner les maladies infectieuses. À l’ère des nouvelles technologies, les «murs» sont devenus mobiles, résultat d’informations transmises en «temps réel», pour isoler les quartiers touchés, comme des fragments de ville un moment détachés.
C’est donc aux deux échelles des villes et des nations que se jouait alors la maîtrise des épidémies.
Au XXe siècle, le changement des échelles de pensée et d’action
La seconde moitié du XXe siècle change radicalement les territoires de pensée et d’action : dilatés à la taille de la planète ou, au contraire, réduits au plus simple. Le changement commence des deux façons quasi à la même époque. D’abord, une demande idéologique contre la dynamique de concentration capitaliste qui poussait à la recherche de moindres coûts. C’est l’époque du «small is beautiful» conceptualisé par l’économiste britannique Ernst Friedrich Schumacher. Cette poussée de mouvements identitaires territorialisés va entraîner de multiples conséquences culturelles. Difficile de ne pas y voir une sorte de repli, un cocooning territorial sécurisant. Ce mouvement s’est développé timidement au Maroc avec l’éclosion d’un régionalisme à la recherche de nouvelles élites politiques.
Ensuite, une lecture nouvelle de l’espace, celle de la mondialisation et de la globalisation. Le premier terme renvoie à l’olympisme, car c’est bien Pierre de Coubertin qui le crée dans sa formulation moderne, dès 1904. Aujourd’hui, son sens est d’abord économique. Le second évoque plutôt une «pensée-monde». Plusieurs décennies de débats depuis le GATT, jusqu’à l’OMC, viennent entériner et renforcer la mondialisation de l’économie. Les géants de l’industrie pharmaceutique se créent dans ce nouveau contexte.
Pour l’essentiel entre 1995 et 2000, ils vont former les puissants groupes connus aujourd’hui. Ivan Illich, déjà en 1975, marqua les esprits dans Némésis médicale, l’expropriation de la santé. L’auteur y anticipe ces évolutions et notamment comment chacun sera dépossédé de sa santé au profit de « l’industrie médicale ». Yvan Illich montre aussi l’irruption de la statistique et des probabilités dans les diagnostics et le choix des traitements ; face au désir de santé et d’une vie toujours plus longue, la mathématique appliquée répond que chaque minute gagnée en espérance de vie coûte bien plus cher en investissement de recherche et en soins que la précédente. Le Covid-19 – plus largement le champ de la lutte contre les virus – soulève trois questions : l’objectif de la santé est-il finalement hors d’atteinte malgré les aspirations fortes des populations ? Jusqu’à quel prix nos sociétés accepteront-elles de payer l’allongement de la vie ? Quels seront les choix politiques sous les pressions des opinions publiques ?
Trente années de recherche et trente milliards de dollars US investis n’ont pas permis de trouver un vaccin contre le sida. On est très loin des plans lancés par l’OMS, déjà contestée dès les années 1980 par les États-Unis pour son indépendance de ton et ses interventions jugées trop coûteuses. La Banque mondiale, critiquée sur les répercussions en matière de santé de ses Plans d’ajustement structurel, injecte massivement des fonds dans le secteur, sur une base de rentabilité mesurée en années de vie « gagnées ».
Partout, la plupart des secteurs industriels et de services mondialisés sont en dépression ; le Maroc est touché par l’impact sur de grands constructeurs automobiles, ou sur l’aéronautique, présents au Royaume à travers des acteurs internationaux du plus haut niveau. Nos productions agroalimentaires subissent des difficultés à s’exporter. Le tourisme, pour lequel notre pays a développé un outil productif important, est partout au bord de l’asphyxie. La mondialisation est donc menacée dans presque tous les secteurs !
Entre l’impératif de vaincre le coronavirus et l’urgence de la demande sociale, la décision politique devra arbitrer. La Covid-19 nous confronte directement à des choix dont la problématique était jusqu’alors édulcorée. L’équilibre à instituer entre la «pensée-monde» et la «pensée-territoire», le prix que nos sociétés sont prêtes à payer pour la santé, ce que la collectivité doit payer et ce qui relève de l’individu... Voilà quelques questions latentes crûment posées par la pandémie en cours. La planète et l’État, dont la crise marque le grand retour comme décideur quasi hégémonique, vont-ils laminer les niveaux territoriaux comme échelons de pensée et d’action antipandémie ?
La Région, entre le village et la planète ?
La recherche d’un vaccin ou de traitements efficaces sollicite donc de facto l’échelle de la planète. Mais le futur pourrait bien rendre la parole, ou au moins plus de parole, aux territoires. Ainsi, la production de masques et leur distribution ont pu revêtir des aspects territoriaux. De jeunes chercheurs ont travaillé notamment sur des solutions de respirateurs artificiels, dont l’importation n’était plus possible. Un autre réseau de chercheurs s’est constitué pour élaborer des solutions open source permettant, par exemple, à l’aide d’imprimantes 3D, de fabriquer des visières aux normes internationales pour les soignants et des valves de respirateurs dont le CHU d’Oujda avait besoin. D’autres projets, avec des partenaires européens, portent sur la modélisation de la pandémie. L’université régionale a fortement amélioré la connectivité pédagogique, numérisé et scénarisé les contenus des enseignements. L’AREF (Académie régionale de l’éducation et de la formation) de l’Oriental a ainsi créé, très vite, 160 leçons pour la télévision, 460 ressources numériques et près de 48 600 classes virtuelles, par plus de 2 600 enseignants, permettant à la quasi-totalité des élèves de suivre leurs cours. Dans le Royaume, la Région s’est révélée un niveau efficace de déclinaison des politiques nationales ; un pas de plus vers la régionalisation avancée. Dans certains pays, les Régions ont pris en main l’achat massif de masques, de gants, de visières, de gel et de tests, via des centrales d’achat créées pour l’occasion et ont fait leur affaire de la distribution.
Grand retour des États?... Ou émergence des territoires?... Ou les deux?
Incontestablement, les États ont pris la main face à la pandémie. Ils l’ont fait au nom de l’intérêt des nations, notamment en décrétant l’urgence sanitaire.
Ces décisions n’ont pas déclenché de franches oppositions malgré quelques craintes sur les risques d’une gouvernance trop hégémonique. La crise sanitaire a rehaussé l’image de l’État, désormais au centre des réflexions sur le nouveau monde, face à des bouleversements qui s’attaquent doublement aux humains : par la santé et par l’économie. Il ne s’y était pas préparé. Hubert Védrine, dans son dernier livre, Et après, témoigne : « Nous n’étions pas préparés, c’est prouvé. Pourtant, nous avions été prévenus, nous savions ce qui pourrait arriver. Mais il n’est pire ignorant que celui qui ne veut pas savoir...» Et de citer un rapport célèbre : « L’émergence d’une maladie respiratoire humaine hautement transmissible et pour laquelle il n’y aurait pas de contre-mesure adéquate pourrait déclencher une pandémie mondiale [...]. Elle apparaîtra sûrement dans une zone densément peuplée, où les animaux et les hommes vivent à proximité les uns des autres, comme en Chine ou en Asie du Sud-Est [...]. La lenteur de la réaction de la santé publique retarderait la prise de conscience de l’émergence d’un agent pathogène hautement transmissible [...]. Malgré les limites imposées aux voyages internationaux, des voyageurs présentant des symptômes bénins ou asymptomatiques pourraient transporter la maladie vers d’autres continents83. »
Tout indique qu’il y aura d’autres pandémies. Les États, en premier lieu, doivent s’y préparer pour faire face à des enjeux multiples et vitaux: sanitaires, économiques, sociaux, sécuritaires, etc. Pourquoi spécialement eux ? Parce qu’ils détiennent de facto la légitimité pour préparer l’avenir de leur communauté nationale. Le débat sur l’État est donc au cœur de l’actualité, après avoir été dans l’Histoire au centre de décisions et d’initiatives qui en ont fait vaciller plus d’un. Affirmer simplement que l’État néolibéral est devenu obsolète et que les États forts ont le mieux su gérer la pandémie semble réducteur. Les controverses sur le «tout État», le «moins d’État» et le «mieux d’État» ont vécu! Karl Marx appelait à un État fort, exerçant sa dictature pour libérer la société, abolir les sources de l’exploitation... et amorcer le dépérissement de l’État vers sa disparition : une société libre et juste serait une société sans État ! Sa théorie a trébuché sur sa viabilité économique autant que sur ses prolongements politiques. La société est-elle devenue hyperindividualiste ? L’altruisme serait-il une valeur inaccessible ? Pour Jacques Attali, « la forme la plus intelligente de l’individualisme est l’altruisme ». Il en fait même l’un des fondements du « devenir soi », malgré son incapacité à produire concrètement de la solidarité sociale.
Au Maroc, au lendemain du premier cas détecté, l’État anticipe intelligemment et, vite, se met en ordre de bataille. Il prend toutes les décisions qui comptent. Les acteurs les plus réactifs de notre économie se mobilisent pour réorienter leur production. Le pays devient ainsi autosuffisant en masques pour le grand public et même exportateur. Des innovateurs créent des respirateurs prêts à être produits en série, puis des lits d’hôpital modernes entièrement automatisés... Bref, l’État prend l’initiative, de la vision à l’exécution, avec la création de comités de solidarité, de veille, d’évaluation et de suivi dans le cadre d’une gouvernance centralisée, organisée et incontestée ! Il installe ainsi dans la population un climat de confiance et de respect de la parole publique, sous les félicitations répétées de la communauté internationale ! Hélas, la sortie du confinement remet en cause ces acquis, y compris la crédibilité de la parole publique : une grande leçon de modestie ! La situation conduit le Souverain à consacrer à ce problème l’entièreté du traditionnel discours de la « Révolution du Roi et du peuple ». Grande décision, historique aussi !
Au XXe siècle, un changement progressif d’échelle vers les territoires
Réfléchir à partir des territoires, c’est agir dans une réalité immédiate par des actions qui parlent aux gens. C’est aussi vouloir apporter au monde une part de renouveau et d’innovation. La mondialisation est restée loin des préoccupations régionales. Elle est presque une abstraction ! Pourtant, de profondes mutations apparaissent déjà: la mention des performances écologiques des produits, la préférence aux cycles de production courts qui mènent inévitablement de nombreuses entreprises à des délocalisations. La Région doit se préparer rapidement à accueillir les nouveaux secteurs les plus porteurs. L’octroi par l’État d’importantes ressources financières a confirmé l’option de donner à la Région les moyens de ses ambitions, de la responsabiliser et de lui permettre d’intégrer la compétition mondiale. L’expérience est nouvelle et l’indulgence mêlée sans doute d’objectifs pédagogiques l’accompagne. Dès le départ, la nouvelle Région se heurte au manque de ressources humaines. Elle a d’emblée cette aubaine de devoir constituer de nouvelles équipes, vierges de toutes déformations bureaucratiques, et cette difficulté de trouver les bons profils, surtout dans les territoires éloignés ! La fonction publique territoriale n’a pas été assez attractive.
Cette Région-là a une histoire: elle est assise sur près d’une décennie de réflexion – pour la conception de nouveaux textes – et de plus d’une génération de pratique – pour l’installation et le développement de collectivités territoriales fonctionnelles. C’est dire la difficulté d’innover en matière institutionnelle.
La Constitution et les lois d’application ont dessiné l’architecture nouvelle de la Région, censée libérer le jeu politique et améliorer sa gestion dans le cadre d’une gouvernance responsabilisée. Mais l’architecture politique ne se suffit pas ! Les difficultés de gouvernance dans la gestion des affaires régionales sont une réalité. Mal gérées, elles pourraient conduire à un nouveau type de « centralité périphérique » de nature à retarder l’avènement de la Région telle qu’elle est souhaitée. Déjà, certaines communes excentrées considèrent qu’elles disposaient de plus de moyens dans l’ancienne organisation territoriale. Le plus grand problème auquel se heurtera le nouveau modèle de développement sera sa mise en œuvre.
Dans le monde des territoires, et pour longtemps encore, la prospective est transformée, au mieux, en anticipations fortement adossées aux échéances électorales. Les initiatives et les actes qui les prolongent laissent peu de place au temps long, aux projets de société articulés sur les stratégies nationales de développement et sur la pédagogie de leur « territorialisation » ; peu d’espace pour la citoyenneté active, et pas de place pour les idéologies, malgré leurs empreintes sur les raisonnements... Les idéologues et autres candidats aux suffrages ne savent plus parler aux gens autrement qu’en les courtisant! Ce type de discours est-il encore audible ? Parler simplement au citoyen,
c’est contribuer à former et à enrichir la conscience nationale. C’est aussi abandonner les discours simplistes de complaisance qui, dans leurs excès répétés, étouffent la créativité et se rient des intelligences individuelles et collectives. L’«État providence», constamment sollicité, paraît soutenir l’omniprésence de l’État, alors même qu’il le fragilise. Au Maroc, aujourd’hui, l’État n’a plus besoin de ce type de « soutien ».
La pandémie a suscité une soif d’informations et des nuées d’interrogations, de solidarités, d’animations « confino-compatibles » : un bouillonnement de réalités neuves, souvent portées par une jeunesse surgie de l’adolescence, réclamant des vérités simples et utiles. Ce monde avec de nouveaux paradigmes adaptés aux urgences du réel, « est lent à apparaître ». Problème de gouvernance ? Libération des initiatives ? Trop grande tyrannie du court terme ? Il est crucial de décrypter cette riche période pour sortir de ce « clair- obscur» et s’engager rapidement et rationnellement dans le «nouveau monde» avec son nouveau modèle de développement... avant que ne « surgissent les monstres », comme l’écrivit Antonio Gramsci.
Je connais bien nos Régions. Comme beaucoup, celle de l’Oriental est multiple, fragile et forte à la fois. Oujda, la capitale régionale, est alourdie de blocages « politiques » qui entravent son développement. D’autres grandes villes de la Région vivent des difficultés similaires. C’est alors la représentation de l’État qui prend les commandes, pour un fonctionnement minimal, forcément plus fastidieux des assemblées. Heureusement qu’existe ce « droit de substitution » qu’exerce l’État pour ne pas bloquer le fonctionnement des villes et des territoires. Symétriquement, il exprime l’incapacité de cette « démocratie » à gérer le bien commun ! Pour l’heure, la « Région avancée » a encore un long chemin à parcourir.
Les territoires de l’Oriental dessinent une inimitable mosaïque. Léon l’Africain s’en émouvait en ces temps où Tombouctou échangeait avec Figuig produits et manuscrits savants. Plus proche de nous, venu d’Alger, Louis Hubert Lyautey passait sa première nuit marocaine à Oujda, déjà insérée depuis 1907 – année de création de l’école Sidi Zian – dans un nouveau système éducatif d’influence française, dit « moderne » (où sont passés la plupart des dirigeants algériens et de nombreux hauts dignitaires marocains). De nouveaux territoires, conçus à partir d’une prospection des matières premières les plus exploitables, s’organisaient, avec les moyens de leur accessibilité : Mer-Niger, un train reliant la Méditerranée au Niger (encore en fonctionnement et qui a fait une fugace apparition dans Le Spectre, le dernier film de James Bond), Seferif, un autre train dans le nord – espagnol celui-là – reliant le Rif oriental à l’enclave de Melilla (pour l’exploitation des mines de fer), puis tout un réseau ferroviaire vers l’ouest. Il est paradoxal aujourd’hui de voir tant de richesses épuisées et d’autres non encore exploitées. Les études et travaux de prospection se poursuivent. Certes, l’annonce des grandes découvertes de richesses naturelles obéit aujourd’hui à des logiques et à des calendriers complexes. Souvenons-nous de la «révélation» de l’existence de pétrole à Talsint... La méfiance face à l’effet d’annonce, les contraintes du marché de l’ancien monde perturbent la dynamique de développement.
Enfin, les projets rythmés par les échéances électorales ne donnent pas les résultats escomptés. Pourtant, les outils d’aménagement et de gestion permettant aux divers niveaux territoriaux de s’articuler les uns aux autres, pour une gestion optimale des objectifs, existent. La principale difficulté est bien leur application sur le terrain. Un tel édifice en reconstruction permanente, chapeauté par les « contrats État-Région », imposera des réformes profondes du fonctionnement des structures de l’État, mais aussi une programmation délicate dans l’ordre d’application des réformes.
La pandémie a montré les failles de notre système électoral, malgré toute l’attention consacrée à sa conception et à ses critères humains, techniques, moraux et financiers. À l’État de créer les systèmes de pilotage et de suivi, mais aux partis politiques de s’imposer une éthique, cadrée par la loi électorale. En seront-ils capables ? La recherche inconsidérée du chiffre sera un enjeu de la prochaine législature. L’intérêt n’est pas de taire les inerties à contre- courant du développement, mais d’en jauger convenablement les conséquences. C’est le sort de toutes les transitions. Après une décennie d’expériences, il est temps de réfléchir à l’actualisation du système de représentation
et de fonctionnement démocratique de la Région. L’État conservera la place qui lui sied au service d’un nouveau modèle de développement.
Parler librement des fondamentaux, préserver nos richesses naturelles matérielles et immatérielles, au centre desquelles trône la Monarchie marocaine, réel patrimoine national, libérer les énergies, éduquer, activer l’ascenseur social, créer une véritable économie régionale, privilégier les secteurs d’avenir, voilà les balises de notre parcours.
Le renouveau économique et social : vers « l’économie de la vie »
Parlons de «renouveau économique et social» et non simplement de relance économique, car la conjoncture économique mondiale n’a jamais vécu un tel bouleversement. En fait, le « renouveau », non seulement intègre la relance, mais l’exalte et lui impose une approche innovante de ce que sera le monde. Pour les obligés du court terme, le « renouveau » semble signifier plus de paroles que de décisions. C’est faux, car il ne s’agit pas de contourner la difficulté, d’affronter l’instant. Il s’agit d’en mesurer toutes les conséquences à des échéances raisonnables. En choisissant les chemins innovants vers un monde mieux préservé des grands bouleversements (pandémies, catastrophes dues aux changements climatiques, etc.), nous assurerons une «reprise» de l’économie, avec l’agilité en plus, avec la capacité d’adosser notre relance à des objectifs de réformes stratégiques autour de la santé, de l’éducation, des nouvelles technologies, de l’énergie, de l’économie verte, de la culture, etc. Nous pouvons parfaitement préparer de nouvelles filières dans ces secteurs encore si mal investis chez nous ; ils forment ce qui est appelé l’« économie de la vie ». Les indispensables aides aux entreprises pour redynamiser la production et préserver l’emploi pourraient être accompagnées de critères privilégiant l’introduction de ces nouvelles filières.
Le « renouveau » nous force donc à penser le nouveau monde en évitant de reproduire – en mieux ? – systématiquement l’ancien. La crise sanitaire n’est pas une parenthèse. L’ancien monde privilégiait la « théorie du ruissellement » illustrée par celle des « premiers de cordée », chère au président Emmanuel Macron. La pandémie a montré au monde que la chaîne ne tenait en fait que par les « derniers de cordée », les maillons les plus faibles de l’ordre social. Femmes ou hommes, ils assument en période de pandémie les fonctions les plus sollicitées, les plus risquées, bien que parmi les moins bien rémunérées. Les peuples du monde les ont remerciés publiquement, chacun à sa manière. Les oublier demain préparerait de lourdes frustrations.
Sur le plan international, la crise sanitaire dévoile un monde où les grandes puissances n’ont pas fait mieux que les petites. Bien plus, leurs échecs ont souligné l’intérêt que de petits pays accordaient à la vie de leur peuple. Au plus haut de la crise sanitaire, le monde a découvert, ébaubi et déçu, les violentes passes d’armes entre centres de recherche, scientifiques et grands groupes pharmaceutiques. Par bonheur, le Royaume n’a pas hésité sur le protocole médical. Il enregistrait ainsi, six mois après le début de la crise, l’un des taux de létalité les plus faibles au monde (moins de 2 %) et l’un des taux de guérison les plus forts (70 %). Ces bons résultats, salués à l’international, ont accompagné toute la période du confinement.
Une gouvernance mondiale morcelée, conséquence de l’éclatement du leadership mondial, rend plus difficile le fonctionnement des institutions internationales. Américains et Chinois se mènent une guerre impitoyable : les États-Unis boycottent l’OMS, comme ils l’avaient pratiqué avec l’Unesco après sa décision d’accepter l’adhésion de la Palestine. Usant de la primauté du dollar US dans l’économie mondiale, les États-Unis multiplient les sanctions contre des pays mis à l’index et le monde développé est forcé de suivre sous peine de rétorsions contre ses grandes multinationales disposant d’intérêts importants aux USA ou utilisatrices du dollar US. Pour échapper à cette emprise, la Chine travaille patiemment à détacher peu à peu les échanges internationaux du dollar US, qui pèse 87 % des opérations de change (50 % du commerce mondial et 60 % des réserves des banques centrales). Elle diffuse son ambition d’utiliser le yuan (2,5 % du commerce mondial) dans ses échanges, et l’impose déjà dans sa zone d’influence. Il lui faudra du temps, du souffle et de nombreux et puissants alliés pour y parvenir ! Presque par tradition, la Chine se place sur le temps long par un ensemble de stratégies convergentes au cœur desquelles niche son grand projet économique mondial: «la route de la soie».
Reste la relance économique proprement dite. Le discours du Trône du 20 août 2020 exprime cette ambition et annonce un plan dédié, pesant 11 % du PIB (120 milliards de dirhams), avec la création d’un « fonds d’investissement stratégique», à mon sens un véritable instrument du «renouveau» économique et social. Celui-ci implique une sensibilisation à la phase difficile qui vient, et d’éviter d’ajouter la peur du lendemain aux sacrifices des ménages. Quelques mesures annoncées ont déjà causé des perturbations inutiles. La plupart d’entre elles auront probablement des difficultés importantes à être appliquées, pas à cause de résistances réelles ou supposées, mais du fait de contraintes sérieuses liées à l’ampleur des obstacles à franchir pour les plans institutionnel, social et économique. Tel sera le cas des regroupements annoncés des établissements publics. Les plus faciles à réformer, ou à supprimer, auront certes un effet médiatique immédiat, mais pas de grands bénéfices économiques sensibles pour la collectivité. Ces réformes, pour réussir, doivent être parfaitement assimilées et perçues comme un progrès en termes de visibilité et d’efficacité.
La stratégie des grands projets a porté ses fruits. Nos immenses ports de la Méditerranée – Tanger-Med et Nador West Med – ont ouvert le Royaume sur le reste du monde. Ils sont le résultat d’une nouvelle vision géostratégique. Le Maroc dispose d’une rente de situation qu’il a toujours su préserver sans jamais vouloir réellement l’utiliser avant le règne de Sa Majesté Mohammed VI. L’aménagement de Marchica («petite mer» en espagnol) appartient à cette génération des grands projets. Il concerne la seconde plus grande lagune de la Méditerranée (25 kilomètres de long et 7 de large) futur site d’un grand projet «écotouristique» de nouvelle génération. Il vient renforcer la performance et la visibilité du Royaume. C’est l’une des raisons pour lesquelles il se prolonge en Afrique et accompagne avec bonheur la stratégie du Royaume à travers le continent, avec l’aménagement et la dépollution de la baie de Cocody à Abidjan. La réalisation d’autres grands projets en Afrique est à l’étude. L’implémentation de ces stratégies au niveau des Régions conduira à résoudre la relation entre les gouvernances nationale et régionale. L’importance vitale des territoires et leur rôle économique croissant dans le développement nécessiteront plus qu’une redistribution des cartes entre les différents acteurs intervenant dans leur gestion. Il faudra inventer de nouveaux « régulateurs » chargés d’aider le gouvernement central à mieux être à l’écoute des territoires.
Le Maghreb et l’Afrique
Le Maghreb est en sommeil prolongé, sans aucune solution de réveil à l’horizon. Pourtant, l’intensité des attentes qu’il suscite est incomparable, car le Maghreb existe réellement dans le cœur de tous les Maghrébins. Il fait partie de notre patrimoine immatériel. Le Maghreb existe dans les rues du monde : on croise une « Maghrébine », un « Maghrébin », non des Marocains, des Algériens, ou des Tunisiens... Malgré les gesticulations de groupes chargés d’alimenter l’hostilité intermaghrébine, les mariages entre Maghrébins et Maghrébines se multiplient. Malheureusement, sur le plan économique, les échanges intramagrébins pèsent moins de 3 % du commerce extérieur. Toutes les démonstrations sur les bénéfices réciproques à tirer pour chacun des pays ont été faites... sans succès, c'est-à-dire sans suite. Sont connus les éléments forts de convergence sur les plans matériel et immatériel, souligné le coût du non-Maghreb, présentée la puissance que représenterait un grand Maghreb uni : plus vaste ensemble d’Afrique (huitième dans le monde), troisième puissance économique africaine, trente aéroports internationaux, première destination touristique d’Afrique avec plus de vingt millions de touristes. Un tel espace géostratégique, apaisé sur le plan politique, arborant la diversité et la complémentarité de ses richesses naturelles, économiques, historiques et humaines... serait d’un grand attrait pour les investisseurs. Nul doute qu’il susciterait beaucoup de jaloux, décidés à l’empêcher de naître et de prospérer. Avec la crise sanitaire, l’absence du Maghreb prive ses pays d’innombrables avantages.
Pour financer le «renouveau» économique et social de tous les pays du Maghreb, il aurait été très utile de disposer, comme l’a fait l’Europe, d’une institution financière maghrébine crédible, assise sur le véritable potentiel économique du Maghreb, pour mutualiser et garantir les soutiens apportés à chaque pays magrébin. « I have a dream » ! Rêvons d’une « banque centrale maghrébine » qui, à l’instar de la Banque centrale européenne, serait en mesure d’apporter un précieux concours au financement du «renouveau» économique de chacun des pays comme de l’ensemble maghrébin lui-même. Espérons que les générations montantes soient plus soucieuses des intérêts des peuples maghrébins. Face à l’anachronisme de la fermeture de frontières entre pays voisins, nous voulons tenter des chemins de traverse, loin de la politique et des questions qui fâchent. Nous voulons construire le Maghreb des écrivains, des intellectuels, des artistes, en créant des évènements valorisants, intelligents, dans des espaces de liberté de penser et d’échanger pour offrir au monde notre part d’humanisme. Le Salon maghrébin du livre d’Oujda s’est fixé cet objectif. D’autres initiatives viendront. Nous voulons valoriser nos talents, les découvrir et les encourager ici même, en terre maghrébine. Un grand prix littéraire prestigieux en Europe, ou au Moyen-Orient, c’est une fierté partagée ; un exploit sportif, une vibration commune. Mais ces joies seraient plus vives encore si elles étaient célébrées à partir des pays maghrébins !
Le Maghreb des peuples existe... même par sa douloureuse absence ! Pas le Maghreb des politiques qui l’ont inventé pour mieux le neutraliser, mais celui des sociétés maghrébines, de leurs traditions, de leurs croyances ; celui des contes et des poèmes, celui des musiques et des folklores aussi. Ce Maghreb-là est synonyme de bonheurs et de joies partagées, de fêtes familiales, de deuils parfois. Cette aspiration refoulée fait sa force, grossit son absence. Ce Maghreb-là, celui des sentiments, des émotions et des idées, c’est aussi celui des intellectuels, celui de «Lettres du Maghreb», modeste contribution mais ardente obligation pour construire l’avenir. Car le Maghreb des États, formaté comme on sait, empêche les autres d’avancer...
L’Afrique montre l’exemple : les écrivains, les penseurs intellectuels de toutes spécialités, ont donné du sens à l’Afrique des Régions : les « Ateliers de la pensée » de Dakar parlent à l’Afrique de l’Ouest et mobilisent de grands penseurs partis des universités et revenus vers elles. Cette manifestation est aujourd’hui un jalon sur la voie de cette Afrique fière d’elle-même et sûre d’apporter au monde sa part de vérité. Nous voulons participer à construire l’« Afrique des Lumières », cette Afrique, berceau de l’humanité, qui peut être demain le creuset d’un nouvel humanisme au service des intelligences ! Une Afrique sûre d’elle-même, qui montrera au monde, après les arts, la culture, les inventions, etc., plus de compassion et plus de sagesse. Le Maghreb peut y contribuer, simplement, sincèrement.
Sa Majesté Mohammed VI imprime au Maroc ce nouveau visage africain. Ainsi, le Maghreb est intégré dans son bassin culturel: l’Afrique méditerranéenne. Les projets africains se multiplient, notamment dans l’Oriental : un ambitieux programme de formation en « coaching territorial » avec CGLU Afrique, l’organisation africaine des collectivités locales, un projet de beau livre sur les relations historiques de Figuig et Tombouctou, l’accueil d’étudiants subsahariens, bousiers de la Région, par l’université Mohammed-1er. Ces projets portent aussi une belle vision d’avenir sur les frontières ; celles du Maghreb sont maritimes et bien sûr sahariennes. L’apport du Maghreb en termes d’opportunités économiques sera colossal, car ses frontières sahariennes renforcent son ancrage africain et ses frontières maritimes son ouverture au monde. Revivifiées, elles viendront activer de nouvelles opportunités économiques, créer de nouveaux circuits plus courts, donc plus respectueux des impacts énergétiques et environnementaux, ainsi mieux accordés à l’évolution du monde ; ils conduiront au développement de nouvelles filières allant des produits des terroirs aux nouvelles technologies, en passant par le développement des énergies douces.
La culture, richesse économique et chaleur communicative
« Tout ce qui dégrade la culture raccourcit les chemins qui mènent à la servitude. » Albert Camus
La culture crée du lien. Elle identifie, honore et illumine. Sans elle, n’en déplaise aux partisans «de l’essentiel», comme ils disent, de la rentabilité immédiate..., l’économie est atone et les territoires sans attractivité. Sa Majesté le Roi Mohammed VI, annonçant le retour du Royaume dans l’Union africaine, riche de siècles de relations et de brassages culturels avec l’Afrique, n’a pas eu besoin de démonstration. Il s’adressait au cœur et à la raison. En générant une émotion visible et sincère, le discours royal portait aussi un vibrant message politique : « Il est beau le jour où l’on rentre chez soi, après une trop longue absence. Il est beau le jour où l’on porte son cœur vers le foyer aimé. L’Afrique est mon continent et ma maison. Je rentre enfin chez moi et vous retrouve avec bonheur. Vous m’avez manqué ! » Tout est résumé dans ces quelques mots : le vivant et l’économie, l’affection, le respect des cultures, l’Histoire et la construction de l’avenir... On pourrait allonger cette liste à profusion ! La Constitution du Maroc inscrit comme inaltérables la richesse et la diversité de nos racines culturelles: un témoignage parfait d’ouverture et de tolérance.
La culture est aussi un secteur économique à part entière. En France, par exemple, il emploie trois fois plus de monde que le secteur automobile et contribue pour sept fois plus au PIB. Son chiffre d’affaires avoisine 60 milliards d’euros, 100 si l’on compte les apports indirects à l’économie, alors que le soutien de l’État et des collectivités locales ne dépasse pas 14 milliards. La culture est un investissement public très rentable! Nous avons les créateurs, nous avons les patrimoines : qu’attendons-nous ?! La culture est l’une des filières d’avenir sur lesquelles il nous faut compter. Le Maroc prend progressivement conscience de sa richesse culturelle et de son retard dans la gouvernance du secteur.
Les exemples de développement par la culture sont multiples et très divers. À Debdou, petite ville à majorité juive dans le Maroc oriental, un beau livre à lui seul a réussi là où deux décennies de réunions administratives et politiques avaient échoué : l’ouvrage Mémoires juives de l’Oriental marocain, traduit en trois langues, a fait le tour du monde et la première réalisation qu’il a générée sur place a été une maison de la culture. L’oasis de Figuig, dans le sud de la Région, est la plus proche de l’Europe. Léon l’Africain en parle comme de l’un des centres du rayonnement culturel du Sahara. La grande université de Tombouctou cite Figuig en référence aux grands savants. S’y ajoute la beauté des sites, des monuments et de l’architecture vernaculaire. Figuig est maintenant inscrite sur la liste indicative du patrimoine de l’humanité. À Jerada, ville minière dans le sud d’Oujda, se concentre toute la complexité du développement par la culture. Les manifestations, celles de la jeunesse en particulier, ont montré un grand malaise économique et culturel ainsi qu’une évidente rupture générationnelle. Il fallait un projet qui apporte du lien, et de la valorisation. La réponse prend la forme d’un « parc muséologique minier », au cœur même de la ville. Les friches minières sont éligibles pour l’inscription au patrimoine mondial de l’humanité. Une première étude publiée dès 2014 a permis la sensibilisation et l’inventaire de ce patrimoine. Cette initiative est restée sans suite. Le Hirak a changé l’ordre des priorités et les avis court-termistes l’ont emporté. Aujourd’hui, le calme revenu, la culture peut réapparaître et revendiquer tout son potentiel : le projet est en marche ! Jerada va commencer à se reconstruire culturellement.
Aller plus près pour aller plus loin : une philosophie de l’action
La proximité ne s’accommode point des effets d’annonce. La Région est un cadre de proximité, le seul qui permette d’investir et de traiter le développement des territoires avec pertinence, humanité et donc efficacité. Si proches et si lointains à la fois, tellement semblables dans leurs revendications et leurs attentes, mais si différents dans les solutions et leur mise en œuvre, les territoires sont une clé imprescriptible de notre développement même s’ils n’en sont pas une entité administrative. L’agilité de l’économie devra bien s’accompagner de celle de la pensée et de la pratique technocratiques pour mieux les prendre en compte : maîtriser l’« économie du vivant » est à ce prix ! Le « renouveau économique et social » aussi.
Mohamed Mbarki
Ancien ministre