LES ÉDITOS DE M. MBARKI
Donner du sens au développement, ouvrir le monde à nos créateurs
31 déc. 2019
« Lettres du Maghreb » ne vient pas de nulle part… né une décennie après les premières actions de l’Agence de l’Oriental, ce Salon apparaît comme un point d’orgue – provisoire car d’autres naîtront – au déroulé d’une stratégie de développement qui a dès l’origine revendiquée sa dimension culturelle. Pour rappel, à la création de l’Agence en 2006, à l’initiative de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que – sement public dans les infrastructures, mené dans le sillage de l’Initiative Royale énoncée dans le Discours Royal d’Oujda en 2003 y a magistralement remédié. Mais l’enclavement était aussi humain, intellectuel et artistique. Certes, Internet et davantage d’aisance à se déplacer vers les événements culturels au Maroc ou à l’étranger ont fortement contribué à mieux faire connaître au monde les créa la mémoire régionale, à consigner son patrimoine, matériel autant qu’immatériel, à déclamer l’histoire de ses territoires, à valoriser ses richesses…
L’Agence de l’Oriental, dès sa création, fut confrontée à ces faiblesses au cours du patient travail de collecte des écrits sur la Région. Il apparut clairement que bien des manques étaient à combler, des mêmes éditeurs. Elle lança trois collections de publications, dont la plus prestigieuse, celle des « beaux livres ». Celle-ci comporte aujourd’hui quatorze ouvrages, pour partie consacrés aux territoires (un périple entamé à Figuig, qui passe par les Bni Guil puis les Beni Snassen et atteindra bientôt la Méditerranée), mais aussi aux richesses humaines, patrimoniales et vernaculaires régionales (nos grands concitoyens juifs). Collecter tous ces savoirs inexprimés, les rendre agréablement accessibles, les bâtir les Beni Snassen…), tout cela contribue à mieux faire connaître les fondements de notre culture – voire de notre identité – régionales. Dédiée aux décideurs et leaders d’opinion de la Région et d’ailleurs, cette collection a contribué au renouveau culturel comme à la prise de conscience de nos richesses humaines et patrimoniales.
Une deuxième collection rassemble tous les travaux menés ou soutenus par l’Agence de l’Oriental pour approfondir et actualiser les connaissances sur la Région, mais aussi pour évaluer les potentialités de son développement. Ces ouvrages, denses et riches de données, sont traités par des bureaux experts ou bien encore dressés lors de séminaires et colloques dont ils constituent les actes. Ils col- sujets sont variés, comme la stratégie de développement régional, le tourisme culturel et cultuel, l’économie numérique, les atouts de Figuig pour son classement au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, les patrimoines immatériels méditerranéens… De très importantes connaissances ont ainsi été mises à disposition de tous les publics.
La Revue Oriental.ma, semestrielle, est un autre vecteur de savoirs ; elle est aussi un lieu d’expression de nos décideurs, intellectuels et créateurs. Depuis plus d’une décennie, elle traite de sujets en prise avec les préoccupations du développement durable régional. Axée sur un thème par numéro, la Revue des échanges d’expériences. Débutée sur le sujet des infrastructures, la Revue publiait récemment sur la musique Raï, le théâtre, les sports…
Chaque thème reconstitue la mémoire régionale, souvent méconnue, qui fonde les perspectives de nouveaux développements économiques et humains ainsi que les voies à suivre pour valoriser les potentialités identifiées.
Enfin, une série de guides, au format de poche, a été patiemment élaborée et publiée pour favoriser la découverte de l’Oriental. Des sujets aussi variés que les randonnées, la gastronomie ou encore le patrimoine paléolithique de l’Oriental ont été développés après de méthodiques études. Des connaissances inédites s’y trouvent. Et pour ceux qui font en priorité le choix de l’urbanité, une douzaine de plans des grandes et moyennes villes de la Région ont été mis à jour et édités à leur tour.
À côté de l’édition, qui souvent rend compte, il faut citer les multiples événements scientifiques, culturels et opérationnels que soutient l’Agence dans tous les domaines, de multiples séminaires, colloques et symposiums (investissement, emplois des jeunes, PME, TPE, marketing territorial, économie sociale et solidaire, nouvelles technologies, intelligence artificielle…).S’y ajoutent les nombreux spectacles, festivals et autres prestations publiques, des plus classiques (la musique Gharnati) aux plus traditionnelles ou contemporaines (le Reggada, le Raï)… Pour ne citer que les plus récents : le soutien de l’Agence au réseau «Dar Maalma», qui vient de tenir sa onzième exposition à Rabat, avec le deuxième congrès des femmes artisanes africaines, et à l’évènement «Visa For Music» où la jeunesse de l’Oriental s’est largement distinguée.L’Agence de l’Oriental a donc considérablement enrichi le développement, pour mieux le fonder, et travaillé à constituer ses patrimoines culturels pour installer et valoriser l’identité régionale depuis la profondeur de son histoire.
Un autre volet fort est la promotion des productions culturelles. L’Agence a favorisé dès le départ la création d’associations d’artistes plasticiens. Chaque Salon littéraire «Lettres du Maghreb» s’accompagne désormais d’une série d’expositions que l’Agence soutient sous ce label à forte valeur ajoutée devenu très attractif. Non seulement nous avons ouvert notre Région aux idées et créations du monde, mais nous avons aussi promu nos créateurs en présentant leurs travaux pour les faire connaître aux publics étrangers, à l’Institut du Monde Arabe à Paris par exemple. Je retiens particulièrement la grande manifestation culturelle polyvalente réalisée en différents sites de la métropole bruxelloise au lendemain des attentats qui venaient d’ensanglanter Paris et alors même que les terroristes avaient grandi dans les quartiers tout proches. Oui, même aux pires moments, la culture est un moteur de vivre ensemble.
Le livre offre ces formidables échanges qui attestent de l’ouverture des esprits et des cœurs. C’est tout le sens porté par les Salons «Lettres du Maghreb», bien au-delà de la simple promotion de nos littératures et dans le concept spécifique que nous avons installé. Ainsi, sa total indépendance éditoriale au service de l’intelligence régionale permet d’élever très haut le niveau de débats qui s’adressent au monde et le font s’exprimer chez nous. A Oujda, privilégier la jeunesse et l’enfance, notamment le préscolaire, nous lire les uns les autres, échanger nos idées, fraterniser autour des intelligences fécondes de nos créateurs, tout cela cimente durablement et avec un puissant écho international une image noble pour la Région de l’Oriental.
Nous nous attachons ainsi à traduire dans les faits culturels les Hautes Orientations sans cesse réaffirmées, que Sa Majesté le Roi Mohammed VI fait connaître pour promouvoir un développement humain inclusif, fraternel et durable. Nous y voyons le sens du Haut Patronage Royal, trois fois déjà accordé aux trois éditions du Salon Maghrébin du livre ! Que Dieu assiste notre Souverain.